12/05/03: Japon 1945-1975, hôtel de Sully, Paris.
13/05/03: Le mois, du japon, Avignon.
14/05/03: Mariko Mori, "the beginning of the end"


Histoire de l'art au Japon.


Mariko Mori
Takashi Murakami

Le mois du Jampon à Avignon
L'art japonais en France
Tokyo, précursseur de l'art contemporain

   
     
 
> LA PREHISTOIRE
Des statuettes d'argile (haniwa) trouvées dans des tombes du Ve et du VIe siècle de notre ère nous offrent des représentations de joueurs de cithare, de flûte sphérique et de tambour à caisse cylindrique. Mais les souvenirs du passé autochtone s'évaluent à l'aune des transformations infligées à l'héritage chinois.
L'Antiquité
Entre le Ve et le VIIIe siècle, des envoyés et des musiciens invités, souvent des moines, rapportent de Corée puis de Chine théorie musicale et instruments, auxquels ils ajoutent même les mélodies. L'époque Asuka voit l'introduction du bouddhisme, de l'écriture, des danses rituelles avec masques (gigaku), si bien que tout naturellement le chant et les danses liturgiques ont formé la partie la plus ancienne du répertoire. Les règles de la récitation scandée des textes sacrés, bombai ou shomyo, avaient pour but, selon une conception profondément indienne, de garantir la prononciation exacte des paroles, car au sanskrit se combinent le chinois classique prononcé à la japonaise et la langue japonaise. Reprenant la théorie chinoise en vigueur sous les Tang et les Sui, le shomyo n'en invente pas moins sa notation propre, système graphique fort précis des hauteurs et des ornements. Parallèlement, les temples recueillent sous le nom de "danse et musique" (bugaku) les apports multiples non seulement des danses de cour des différents royaumes des provinces de Corée et de Chine, mais également de régions aussi lointaines que le Champa, en Asie du Sud-Est, Koutcha, en Asie centrale, et de l'Inde. Des écoles de musique furent alors formées dans les temples mêmes et un bureau impérial fut constitué. Les danses solennelles du bugaku sont encore exécutées, aujourd.hui, au son des immenses tambours (da-daiko) et des vents.
Le gagaku, la plus prestigieuse des musiques, n'est d.abord rien d'autre que la réduction instrumentale des multiples traditions de danses du bugaku. On mesurera le chemin parcouru en rappelant que, simple divertissement à l'origine, le gagaku devint la musique même de la cour impériale, palliant ainsi l'absence des musiques des cérémonies confucéennes, jamais importées. Sa vivacité et son rythme alerte se métamorphosèrent, sans doute à partir du XIIe siècle, en un hiératisme sans équivalent dans le monde. La lenteur est telle que les rapides ornements du hautbois (hichiriki) deviennent la mélodie principale, tandis que les notes de la mélodie, jouées par l'orgue à bouche (sho), deviennent de lents accords flottants dans un temps en suspens. À ces instruments s'ajoutent la cithare (so), le luth (biwa), la flûte traversière (ryuteki ou koma-bue), ainsi que les tambours, les claquettes et les gongs.

> LA PERIODE MEDIEVALE
Le haut Moyen Âge se divise en deux périodes, qui portent le nom des capitales respectives: les époques Kamakura et Muromachi. Deux nouveaux genres véritablement nationaux virent alors le jour: le heike-biwa, et le nô.
Le biwa, venu d'Asie centrale et adopté en Chine, est le luth piriforme à manche court, joué avec un plectre. Parvenu dans l'archipel en même temps que le gagaku, il est devenu le plus japonais des instruments, puisque son développement l'associe intimement à l'émergence d'une littérature nationale, celle du Genji monogatari et de l'épopée des Heike. Le heike-biwa est encore chanté aujourd.hui d'une voix rauque par une femme s'accompagnant elle-même de l'instrument. Celui-ci est tour à tour mélodique, rythmique ou imitatif du bruit des batailles, des chevaux, des chutes ou des éléments.

Le théâtre chanté nô, au-delà de ses références au bouddhisme zen, aurait été inventé - selon la tradition - par le génial acteur et éc
rivain Zeami Motokiyo (1363-1443) et son père Kanami (1333-1384). Mais cette attribution, pour exacte qu'elle soit, ne doit pas masquer ses origines profondes: le théâtre d'exorcisme, encore pratiqué dans certaines régions de Chine, où il a pour nom précisément nuo. Monument strictement structuré combinant au plus haut point texte, costume, espace, geste, voix et instruments, le nô, une des grandes formes d'opéra du monde, se contente d'un accompagnement musical réduit mais hautement fonctionnel: flûte (nokan), tambour d'épaule (ko-tsuzumi), tambour de hanche (o-tsuzumi), tambour à battes (taiko), chœur, tandis que la voix déploie toutes les variations des chants doux et hauts, de la déclamation et du récitatif.
Alors que la musique du haut Moyen Âge était sous la tutelle des prêtres bouddhistes, c'est au sein de la bourgeoisie marchande que, dans la seconde partie de la période médiévale, se sont développés le shakuhachi, le koto et le shamisen.






Le shakuhachi est une flûte verticale en bambou qui présente la caractéristique rare de posséder un répertoire en solo ancien, semblable en cela à la cithare (qin) des lettrés chinois. La comparaison ne s'arrête pas là, puisqu'elles ont en commun également l'intimité du son, la fluidité rythmique, la complexité des ornements, une écriture propre, ainsi qu'un rapport particulier au silence, qui les rapprochent d'un instrument de méditation. Développé au XVIe siècle dans le cadre du bouddhisme zen et apanage alors des moines itinérants, le shakuhachi, devenu le symbole honni d'une culture prétendument arriérée, ne survécut à l'ère Meiji qu'en se sécularisant et en s'intégrant à des ensembles instrumentaux.


> LA PERIODE MODERNE

Le koto, instrument privilégié des jeunes filles de bonne famille, est une sorte de cithare à treize cordes et chevalets mobiles; sa gracilité représente le pendant musical du Japon des cerisiers en fleur et des cérémonies du thé. Il se développe à la même époque que le shakuhachi, comme en témoigne un important recueil pour "soies et bambou" de 1664; son répertoire et sa technique ont été profondément renouvelés depuis, et tout particulièrement à travers les compositions du maître Miyagi Michio, mort en 1957.
Le shamisen, luth à trois cordes et touche lisse, fut le dernier instrument importé du continent au XVIe siècle. Nombre de traits musicaux témoignent encore aujourd.hui de sa place particulière d'intermédiaire entre la Chine et le Japon. Reprenant la tradition d'accompagner au biwa les épopées chantées, le shamisen, grâce à la puissance et à la flexibilité de ses sonorités, devint l'instrument préféré des conteurs et des mendiants aveugles. Tout en se différenciant dans des styles locaux aussi originaux que celui de Tsugaru, véritable "blues" japonais, il trouva la plénitude de son emploi dans le gidayu, musique du bunraku, théâtre de marionnettes portées par trois manipulateurs, où le conteur, seul, incarne vocalement tous les personnages.

Le théâtre kabuki
, unissant splendeur des costumes, des maquillages et virtuosité des danses, est la fusion de multiples éléments qui empruntent tant à l'art des saltimbanques, au théâtre nô qu'au chant nagauta accompagné au shamisen. Il émerge dans l'environnement très profane du divertissement urbain. Un nombre élevé de musiciens, de percussions et de shamisen se trouvent sur la scène, tandis qu'un autre ensemble, des coulisses, varie les atmosphères et les effets, accompagnant avec une formidable efficacité des acteurs entraînés au contrôle physique le plus rigoureux et le plus spectaculaire. Il est le dernier-né des genres musicaux avant l'apparition récente du très narcissique karaoke, où l'amateur joue en play-back des vidéos musicales présonorisées.