12/05/03: Japon 1945-1975, hôtel de Sully, Paris.
13/05/03: Le mois, du japon, Avignon.
14/05/03: Mariko Mori, "the beginning of the end"


Histoire de l'art au Japon.


Mariko Mori
Takashi Murakami


Le mois du Japon
L'art japonais en France
Tokyo, précursseur de l'art contemporain

   
     
 

 

Mariko Mori vit son art avec un fort désir d'interaction, de réflexion collective. A trente-trois ans, l'artiste japonaise se balance dans la vie comme une comète voyage dans l'univers. Sa réflexion est libre, son parcours intellectuel solitaire mais accessible à quiconque veut les rejoindre.

 


Son travail est un questionnement atemporel. Dans sa dernière œuvre, elle médite, allongée dans une capsule de plexiglas, comme enveloppée du sommeil de l'éternité. Elle semble traverser le temps, l'espace, et nous interroger sur notre devenir. La capsule, légère et incongrue, est installée à différents endroits de la planète : des grands centres urbains, New-York, Shangaï, Paris, et des endroits symboliques de l'histoire de l'humanité, grandes pyramides, temples Incas…


La réalisation n'est pas seulement un " happening " ; le projet, dont le nom générique est " Beginning of the End " (le commencement de la fin), est surtout plastique et les images vidéo, les photographies réalisées par l'équipe de Mariko Mori faisaient ce printemps l'objet de trois expositions à Paris. Œuvre d'une totale modernité - tant dans sa plastique aux images high-tech que dans sa production digne de l'industrie du cinéma - le projet explore différentes relations dans le temps et dans l'espace : les liens entre les mondes occidental et oriental et la domination culturelle de l'Occident, ceux, interdépendants, qui relient différents lieux de la planète, et qui les rendent si proches, les relations entre le passé, le présent et le futur, les vivants et les morts, la modernité et le monde traditionnel.


Dans l'installation vidéo présentée le mois dernier au Centre George Pompidou, de multiples connections étaient ainsi mises en scène : celles qui relient Mariko Mori, vêtue de combinaisons futuristes, immobile dans sa capsule transparente, les passants de ces lieux urbains, qui s'approchent, vaguement intrigués, la regardent, lui parlent, la photographient, et nous, spectateurs-récepteurs anonymes, réunis dans un espace circulaire à peine plus grand qu'un ascenseur, qui ouvrons les yeux tout grand pour plonger dans l'image qui nous entoure entièrement et semble vouloir nous englober. Devant les hauts lieux historiques, comme les Pyramides, elle convie aussi à la fête les autres générations qui ont participé à la construction de l'Humanité. L'ambiance sonore, bruits urbains essentiellement et musique électronique, achève de nous happer pour nous transporter à la manière d'un voyage dans le temps. Car la coquille de verre fait irrésistiblement penser à ces machines loufoques que les hommes ont depuis longtemps construites en rêve et qui nous auraient permis de changer d'espace temporel.
Les technologies innovantes, les nouvelles communications, Internet, serait-ce la porte vers de nouveaux voyages dans le temps ? Celui de la simultanéité, de l'ubiquité enfin possible dans un partage sans limite de la même expérience, de la même aventure. Telles sont en tout cas les voies qu'expérimente Mariko Mori dans ses installations. La jeune femme utilise son corps comme " un outil pour communiquer avec le monde ". En méditation à différents points du globe, elle ouvre une autre dimension, celle de son monde intérieur, nourri par sa culture traditionnelle, qu'elle confronte à l'autre dans un questionnement culturel et idéologique.

Persuadée du pouvoir de l'art et des artistes, cette plasticienne moderne, aux allures de prophète, définit ainsi le projet humaniste de sa création : " un acte artistique destiné à faire partager l'essence spirituelle du monde, à détourner les hommes des affrontements politiques, religieux ou idéologiques qui sévissent sur la planète Terre qui est notre seule demeure ". Etre zen aujourd'hui, partout dans le monde et simultanément.