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Petit
historique

influence économique des mangas
les
révolutionnaires du mangas

Les mangas des années 80 et 2000
Du manga vers
la japanimation
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I. Du manga vers la japanimation, retour
sur les origines : le Japon |
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:: Les mangas ::
C'est vers 1814 que le célèbre peintre et graveur
japonais Katsuhika Hokusaï ( 1760-1849) créa
le terme générique manga. Il réalisa
à cette époque, pour son projet d'encyclopédie
visuelle, une série de caricatures grotesques représentant
les principaux protagonistes de l'état de son ère
( l'ère Edo ). Ce travail pris le surnom de "
Hokusaï manga ". En traduction littérale,
manga signifie à peu de choses près " image
dérisoire ". Dès lors, le nom était
lancé. Le style suivit peu après. Près
d'un siècle plus tard, l'éditeur Kodensha
se lança dans la publication du premier magazine sur
les manga, le célèbre Shônen Jump. C'est
la fondation d'une des plus grandes maisons d'édition
japonaise. Elle reste, encore aujourd'hui, entièrement
portée sur le manga.

Jusqu'en 1930, le manga n'évolue pas. Il se présente
sous la forme de courtes histoires sur quatre cases. Leur
toile de fond est presqueexclusivement basée sur la
propagande militaire qui précède la deuxième
guerre mondiale. Il est inutile de préciser que la
guerre et les deux bombes nucléaires de Nagasaki et
d'Hiroshima ont porté un sacré coup au Japon.
Comme son pays fondateur, le manga se transforme. C'est ainsi
qu'on assiste à ce qu'on appelle communément
la " Révolution du manga ". Elle est
due au grand mangakâ
Osamu Tezuka, autrement appelé Tezuka-senseï
( Maître Tesuka ). Celui-ci lance, dès 46, des
manga tels que Shin Takarajima ( La nouvelle île aux
trésors ), Tetsuwan Atomu, Jungle Tateï ou encore
Black Jack.
L'introduction de personnages géants qu'il faut combattre
ou encore d'un futur où la criminalité règne
en maître après un anéantissement total
de la société a une raison d'être. Elle
n'est pas sans rappeler la symbolique du monstre d'acier :
la bombe nucléaire dévastatrice. Tesuka ira
même jusqu'à dessiner un manga pour adultes qui
conte l'histoire de deux survivants à l'explosion nucléaire
d'Hiroshima. Tezuka apporte également un renouveau
dans le style graphique du manga. C'est en effet lui qui introduit
un découpage cinématographique dans la bande
dessinée japonaise. Il fait sortir le manga de
son cadre habituel. Devant l'énorme quantité
des productions " Tezukiennes ", on assiste à
l'apparition de toute une série de dessinateur copiant
le style du maître. C'est l'envol du phénomène
manga au Japon. (Illustration : L'Homme sans talent par
Yoshiharu Tsuge)
:: Vers la japanimation ::
Tesuka
a cependant un rêve depuis qu'il a commencé à
publier des manga. Il souhaite faire sortir le manga de son
cadre d'origine.Le papier selon lui n'est qu'une étape
de ce mode d'expression. C'est la télévision,
par l'intermédiaire de l'animation, qu'il vise depuis
toujours. En 1961, avec ses propres moyens, il fonde son
studio d'animation - le Mushi Production - et transpose
ses succès à l'écran. C'est la naissance
des séries que l'on retrouvera plus tard en Europe
sous le nom de Astro le Petit Robot, Le Roi Léo, Princesse
Saphir,... C'est sans doute l'introduction de la sentimentalité
dans ses oeuvres qui est à l'origine de son succès.
Il avouera plus tard s'être inspiré, au départ,
de Walt Disney pour fonder son style, mais sans jamais tomber
dans le plagiat. Ironie du sort, c'est en fait Disney qui
le copiera pour son plus grand succès. En effet, Le
Roi Lion est un remake à peine camouflé de Jungle
Tateï.
Quoi qu'il en soit, le manga reste principalement destiné
à un public jeune à cette époque. Tesuka
signe cependant des oeuvres d'avant-garde telles : Adolf Ni
Tsugu, Phoenix 2772 - son plus grand succès - ou encore
Cléopatra, le premier dessin animé érotique
japonais. Il faudra attendre le début des années
80 pour que le dessinateur le plus prolifique du monde ( Tesuka
aurait dessiné quelques 100.000 planches durant sa
carrière ) soit dépassé par de jeunes
loups. Toriyama, dès 1980, renouvelle le manga en y
apportant une touche d'humour jamais abordée. Mais
il faudra attendre 1982 pour que la nouvelle vague se mette
réellement en route. C'est le tsunami Otomo
qui balaye tous les anciens dogmes. Akira, dès sa sortie,
crée un phénomène nouveau. Le réalisme
est maintenant en place dans le manga.
L'histoire des jeunes motards marque à jamais les Japonais.
Ils en font un best-seller dès les premiers volumes.
Le style de Katsuhiro Otomo est lancé et rien ne peut
l'arrêter. En 1988, l'immense succès de cette
fresque de 2000 pages est relancé par l'arrivée
dans les salles obscures du film d'animation* d'Akira. Ce
dernier est sans doute, et restera à jamais, le plus
beau et le mieux réalisé des films d'animation
jamais produits. Suivant cette vague, des centaines de dessinateurs
lancent des nouvelles séries en abordant les sujets
les plus divers. C'est l'éclatement du manga, la diversification.
Même si Tesuka s'était efforcé de toucher
à tous les styles et à tous les thèmes
durant sa longue carrière, la " griffe "
Tezukienne était toujours présente. La venue
d'Otomo et du monstre Akira a relancé complètement
le style du manga. Il n'a sans doute pas finit d'évoluer
et d'étonner ceux qui prédisaient son étouffement,
sa fin par épuisement de sujets. Mais Otomo ne s'est
pas contenté de lancer un nouveau style au Japon. On
peut considérer que c'est lui qui a ouvert ce monde
étrange et diversifié ( où il y a autant
de bonnes que de mauvaises choses ) aux bras des Européens.
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II. Le problème des manga en France |
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Les
mangas atteignent nos contrées dès le début
des années 70. Les programmes pour enfants se trouvent
devant un dilemme. D'un côté, les productions
européennes sont trop peu nombreuses pour une large tranche
horaire. D'un autre, les comics américains sont trop
répétitifs et violents pour plaire. Ces émissions
se rabattent donc sur la production japonaise. Elle est rassurante
par sa diversité et sa quantité. Elle a déjà
également fait ses preuves devant un public japonais
qui lui a réservé bon accueil... Astro le Petit
Robot, Le Roi Léo,... de Tezuka sont donc bien vite
adapté en français.
Mais ils ne sont pas les seuls à arriver sur le réseau
hertzien francophone. Parmi les nouveaux venus, les célèbres
Goldorak, Candy, Albator et autre Capitaine Flam se voient
réserver une place de choix dans la grille des programmes
d'Antenne 2. Mais dès les années 80, d'autres
chaînes se mettent à diffuser des manga d'autres
styles, plus sérieux. La Cinquième programme notamment
Robotech et Max & Cie. Canal+, lui, nous fait découvrir
Cobra. Puis arrive l'heure de gloire des animés
japonais en France. Les Inconnus avaient raison de parler de
; " Dorothée et ses amis les Japonais ". En
effet, le Club Dorothée, la célèbre
et désormais défunte émission de TF1, consacrait
tout son temps d'ondes ( ou pratiquement ) à la diffusion
de dessins animés nippons.
Cette émission nous a fait découvrir des grands
noms de l'animation et du manga en général. City
Hunter ( Nicky Larson ), Saint-Seya ( Les Chevaliers du Zodiaque
), Dragon Ball Z, Ranma ½, et bien d'autres firent
leurs débuts dans l'émission française.
Mais elle est également à l'origine de choix étranges
et peu judicieux pour une émission destinée aux
enfants, par exemple le violent Hokuto No Ken ( Ken le Survivant
). Cette émission, de prime abord très mauvaise
par le nombre de critiques, nous a pourtant fait découvrir
le monde du manga. Malheureusement, les erreurs de programmation
et la censure omniprésente dans tous les dessins
animés dégouttèrent les fans. On obligera,
pour les mêmes raisons, la fameuse émission à
rendre l'antenne en 1997.
Dès lors, les fans perdirent le support visuel qu'offrait
la TV. Ils se divisèrent alors en deux groupes. Les uns,
découragés que plus aucune chaîne ne passe
leurs séries fétiches, se sont détournés
du manga. Les autres prirent alors leur mal en patience et se
tournèrent vers d'autres supports pour assouvir leur
passion. Dès 1991, Glénat s'était lancé
dans la publication de manga ( version papier ) en Français.
Akira fut le premier à bénéficier d'une
traduction dans la langue de Molière. Mais c'est
en 1994, avec l'arrivée sur le marché français
de Dragon Ball ( toujours chez Glénat ) que ce média
prend de l'ampleur.
Les
maisons d'édition se multiplient donc et le manga papier
prospère. Dès 94, c'est le marché du vidéo
qui prend son envol. AK-Vidéo commence à distribuer
les OAV de Dragon Ball. C'est
donc au tour de l'animation de faire le bonheur des amateurs.
Mais la mort du Club Dorothée annonce une année
bien noire pour le milieu des traductions. En 1997, de nombreux
éditeurs mettent la clé sous la porte ( Katsumi,
Dragon Vidéo, PFC Vidéo,... ) et d'autres arrêtent
purement et simplement leurs publications de manga pour se consacrer
à autre chose. Il en va de même pour les éditeurs
de manga papier. Samouraï et Sémic, par exemple,
stoppent toute publication. Cependant cette période noire
est bien moins ressentie dans le milieu du manga papier, et,
les perspectives restent bonnes pour ce secteur.
Glénat, J'ai Lu, Tonkam, et d'autres furent les premiers
à traduire. Ils continuent désormais sur leur
lancée et multiplient les sorties en diversifiant les
produits. Il n'en va pas de même pour les vidéos.
Elles se relèvent difficilement de ce grand nombre de
faillites. D'autant plus que les manga sont en vente libre,
alors qu'elles sont parfois destinées à un autre
public que les enfants. Ce n'est pas un mal en soit, mais ce
n'est pas non plus sans conséquences négatives.
Pour prendre un exemple, l'esprit coquin de personnages principaux
est ressenti comme tout à fait naturel chez les Japonais.
Or, les parents européens ( très conservateurs
) ont très mal pris que leurs gamins de huit ans lisent
ces " cochonneries " où la présence
des formes féminine est si gracieusement représentée.
Les comités de censure ne furent pas longs à agir.
Toute une partie de la production nippone s'est vue empêchée
de séjour en France et en Belgique. Pourtant des BD européennes
comme Stan Caïman ou les très célèbres
Manara ne posèrent jamais aucun problème de conscience
aux lecteurs de Pilote et de Métal Hurlant, malgré
leur statut érotique... Ils étaient pourtant également
en vente libre. C'est là que réside tout le mystère
de la pudeur européenne. Certains débordements,
parce qu'ils sont vieux et connus de tous sont permis. Alors
que d'autres, plus jeunes ( et bien souvent moins graves ) ne
le sont pas. Allez comprendre...
Mais 1998 fut malgré tout une bonne année pour
le manga. 99 semble en être d'ailleurs la juste continuation.
Ce phénomène est en pleine expansion. Son horizon
s'est encore agrandi et enrichi avec l'arrivée de titres
tels que Raïka, Michael, Kenshin et Mermaid Scar chez Glénat
ou de Bouddha, Tsukasa Hojo Recueil et Cats Eye chez Tonkam.
Et la parution des piliers actuels du manga en Europe - Dragon
Ball, Ranma ½, Saïlor Moon, Détective Conan,...
- s'est bien poursuivie à un rythme régulier.
Il est cependant important de noter que la France ( et donc
la Belgique ) est un des derniers pays à avoir été
touché par le virus manga en Europe. En effet, l'Angleterre
( suivant comme toujours les Américains ) fut la première
sur le marché avec des éditeurs comme Dark Horse
et Manga Vidéo. Puis, plus étonnant, les suivant
furent les ibériques. L'Espagne et le Portugal sont en
effet de grands consommateurs de manga. Les Italiens également.
La France a donc suivi le mouvement et s'est après tout
fort bien débrouillée. Elle a ainsi permisà
la Belgique francophone, à la Suisse et au Québec
de rentrer dans le " Phénomène Manga ".
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