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Petit historique


influence économique des mangas
les révolutionnaires du mangas


Les mangas des années 80 et 2000
Du manga vers la japanimation

   
     
   
  I. Un marché en forte expansion ( de 1993 à 1995 ) :
 
  Depuis les premières publications et les premières sorties vidéo de 1993, le marché du manga a connu une très grande expansion. Durant ces trois années, quelques quatre millions d'exemplaires tous titres confondu ont été vendus. Les éditeurs se frottent les mains et se réjouissent des perspectives économiques qu'offre un marché si grand et si facile vendre.

En effet, depuis 1993, le nombres de boutiques spécialisées dans les manga nippones n'a fait que croître. Samouraï a par exemple développé un petit réseau de distribution en France. Début 93, ils n'avaient que leur maison parisienne, alors qu'en 95, ce sont pas moins de 10 boutiques qui représentaient le libraire-éditeur dans toute la France. Ce développement fulgurant est en partie dû au fait que de nombreux fans de japanimation préférait acheter des manga en version originale que d'attendre la parution en Français.

En 1994, les éditeurs se rendent compte qu'ils peuvent exploiter facilement un nouveau marché et répètent l'expérience qu'avait tenté Glénat avec Akira. Glénat, quant à lui, satisfait des ventes d'Akira, poursuit son plan d'édition et publie en français Dragon Ball, Ranma 1/2, Crying Freeman,... Fin 1994, l'éditeur PFC Vidéo, qui avait déjà traduit certains films et OAV pour l'Angleterre et l'Espagne sous le label Manga Vidéo, débarque en France avec les best-sellers Akira, Dominion Tank Police, Hokuto No Ken et bien d'autres. Ak Vidéo, lui, entreprend la traduction des OAV du célèbres Dragon Ball qui se vendront chacun à plus de 600.000 exemplaires.

En 1995, la situation se transforme. Les ventes de manga en version originale baissent et les traductions françaises augmentent de 300%. En effet, sur l'année 95, 30 nouvelles séries, contenant pour la plupart un grand nombre de volumes, sont éditées en France et en Belgique. ( Dr Slump, Apple Seed chez Glénat, Angel, Cyber Weapon Z chez Tonkam, City Hunter, Fly chez J'ai Lu ). Il en va de même pour les sorties vidéos d'OAV et de films d'animation avec Urotsukidoji, Iria, Ah ! My Goddess, Venus War,... Cette augmentation considérable du marché du manga s'explique par le grand nombre d'éditeurs qui s'intéressent et publient des manga. On retrouve des éditeurs traditionnels comme Glénat ou Casterman côté papier ou comme PFC et AK du côté vidéo. Mais on assiste également à la naissance d'éditeurs spécialisés qui tirent leurs revenus à 100% du marché nippon. Ce sont Tonkam, Samouraï, Eva Vidéo, Dragon Vidéo,... On retrouve bien souvent une vieille boutique d'importation à leur origine.

   
  II. La crise de 1995
   
 

1995 fut une année noire pour le manga en Europe. Les problèmes se multiplièrent et personnes ne proposa de solutions. On assista d'abord à la mort du Club Dorothée, qui, même si très controversée, avait eu le privilège d'introduire la japanimation dans notre quotidien. Puis, la publication japonaise de Dragon Ball prit fin après dix ans de bons et loyaux services. Résultat : toute une série de fan décrocha et les ventes de manga originaux chutèrent fortement. Le marché du manga avait besoin d'un peu d'air frais pour se maintenir en vie et la seule chose qu'il reçut fut la visite de comités parentaux outragés. Ceci porta un coup fatal à nombres d'éditeurs.
Samouraï dut arrêter du jour au lendemain sa publication de manga et se consacrer à d'autres affaires. Manga Vidéo a été interdit de séjour en Belgique et ses ventes diminuèrent fortement en France. Sémic et Delcourt, fraîchement arrivés, préférèrent stopper leurs publications de manga. Même les plus solides durent limiter leurs publications. Glénat, par exemple, a préféré stopper les publications de deux titres ( Crying Freeman et Sanctuary ) et soumettre ses titres à des censures préalables devant les risques encourus.
Nous étions alors dans le creux de la vague. Le public se désintéressait et les éditeurs étaient désespérés. Ce ne sont que les plus têtus d'entres eux ( comme Tonkam ou AK Vidéo ) ou les plus chanceux ( comme J'ai Lu qui échappa miraculeusement à toutes opérations de censure sur son titre principal City hunter ) qui purent sortir de cette impasse la tête haute. Pourtant, cette crise n'a pas été totalement négative. Elle a joué le rôle d'un garde-fou : elle a assainit le public manga. Les enfants ne sont désormais plus la cible première des éditeurs. Glénat l'a bien comprit en publiant par exemple Ghost In The Shell, Pinapple Army ou encore Mermaïd Scar.

 

     
  III. La situation actuelle  
     
  Le public de fans, en manque après la fin de la publication japonaise de Dragon Ball, se tourna vers d'autres œuvres plus intelligentes et plus recherchées. Cela permit l'expansion des autres maisons d'édition et la diversification des sorties. En effet, à l'époque, seul une trentaine de titres était disponible, alors qu'à l'heure actuelle, ils sont près de 150 différents ( mars 1999 ). De nouveaux éditeurs débarquent également sur le marché. Ce fut le cas, il y a maintenant un an, de Dargaud, sous le label Kana et il y a quelques mois, du belge Dynamic Vision.
On a également constaté l'apparition d'une presse spécialisée. Le mensuel Manga Player vit le jour en 1996 et est entre temps devenus éditeur à part entière ( avec 3X3 Eyes, BT'X, Wingman,... ). Les anciens fanzines des boutiques d'importation sont maintenant devenus des mensuels officiels disponibles en librairie ( c'est le cas de Anime Land, Tsunami,... ). Mais, ce n'est pas seulement l'édition qui s'est développé durant ces quelques années. L'accessoire, l'objet de collection, le goodies, est un marché lui aussi en pleine expansion.

Les fans se transforment en effet de plus en plus en collectionneurs extrêmes ( ceux que l'on appelle des Otaku au Japon ). Et les sociétés de distribution n'on pas laissé passez l'occasion. Art-Book, posters, anime-comics, CD de BO, ramikarts (cartes de collections) ou sculptures se trouvent à la pelle dans les magasins qui vendent des manga. Et c'est un marché d'importance.
Prenons l'exemple des ramikarts, ou cartes de collection, si vous préférez. Chaque volume de manga au Japon donne naissance à une série d'environ 150 cartes plastifiées représentant des temps fort de l'histoire. Pour une série comme Ranma1/2, qui compte 38 volumes, cela représente 5700 cartes ! Sachant qu'elles sont généralement vendues au prix unitaire de 50BEF la carte, cela revient assez vite très cher. On assiste alors à la naissance de fanas qui ne se consacrent qu'à une seule série en particulier. En quelques semaines, il devient facile pour un fan d'Evangelion de dépensez quelques dizaines de milliers de francs juste pour sa passion. Il faut savoir que le marché du Goodies représente près de 20% du marché du manga.

Enfin, pour bien mesurer l'ampleur du marché du manga en Europe, il suffit de regarder les chiffres du premier salon du manga, organisé à Paris en 1996. Le Planète Manga - c'est son nom - remporta un succès phénoménal auprès des jeunes Français. En cinq jours, quelques 40.000 visiteurs se sont présentez aux portes. On a même été obligez de fermer les caisses pendant trois heures le samedi après-midi pour des raisons de sécurité. Les organisateurs se payèrent même le luxe d'avoir des invités prestigieux en les personnes de Akira Toriyama ( Dragon Ball, Dr Slump ) et de Leji Matsumoto ( Galaxy Express 999, Albator ).

 

 
     
  IV. La BD Européenne  
     
  Les chiffres prouvent que les aficionados du manga ne quittent pas le marché européen au profit exclusif des séries nippones. Ils allient la plupart du temps les deux. Il semblerait même que ceux qui ne s'intéressaient pas au BD traditionnelles y viennent par l'intermédiaire des manga. Ainsi le dernier Lucky Luke s'est vendu à 450.000 exemplaires et les rééditions des classiques de la Bd européennes comme Astérix ou Tintin se vendent entre 1 et 2 millions d'exemplaires. Ce ne sont pas les 250.000 exemplaires de Dragon Ball 36 qui les inquièteront. Les nouvelles séries européennes comme Largo Winch, XIII ou Lanfeust de Troy représentent également un marché considérable.

De plus, il n'est pas rare de voir des auteurs français émigrer au Japon. Le magazine Shônen Jump a récemment accueilli dans ces pages L'autoroute du Soleil de Baru, un jeune dessinateur français de 30 ans. Les Japonais sont également très friand des bandes dessinées européennes et les achètent en grand nombre. Alors, ce que l'on perd d'un côté, on le regagne de l'autre...