08/05/03: Festival Cinéma japonais 80/90
09/05/03: Festival de Cannes
13/05/03:
Dolls de Takeshi Kitano


Petit historique


Ring de Hideo Nakata


" Le Cercle ", le remake americain de Ring
Diffusion du cinéma japonais en France

   
     
 

 

I. Evolution du cinéma japonnais

Le cinéma japonais présente aujourd'hui un double visage, avec, d'un côté, le formidable essor des industries de l'image (télévision haute définition, vidéodisques) – les firmes nippones prennent des parts dans les grands studios hollywoodiens, ou les rachètent, afin de contrôler toute la chaîne (production, catalogue de droits) devant alimenter leurs produits –, et, de l'autre, une certaine permanence du cinéma d'auteur, illustrée par la figure d'Akira Kurosawa, véritable légende vivante, dont la carrière dure depuis cinquante années. Mais le fait que Kurosawa doive faire appel à des capitaux étrangers (notamment américains, pour Rêves , en 1989) dit assez l'état d'abandon d'une cinématographie qui, par le passé, a su conjuguer vitalité économique et exigence artistique, permettant à des cinéastes de grand talent comme Kenji Mizoguchi ou Yasujiro Ozu de poursuivre leur œuvre à l'intérieur des studios.

 


:: Tradition théâtrale et système des studios ::
Le cinéma arrive tôt au Japon (Edison en 1896; les films Lumière en 1897), et c'est dans les formes du théâtre classique (nô, kabuki) que les premiers cinéastes puisent leur inspiration. Cette influence théâtrale se fait sentir dans le jeu des acteurs – jusqu'en 1918, dans la tradition du kabuki, les rôles féminins sont tenus par des hommes – et, tout au long de la période du muet, dans l'accompagnement des films: à la différence des cinémas occidentaux (accompagnement au piano ou avec l'orchestre), le cinéma japonais, dans le sillage du théâtre de marionnettes (bunraku), a recours à des conteurs professionnels (benshi), bonimenteurs qui miment les dialogues et brodent sur l'histoire racontée par le film. Lors de l'arrivée du parlant, ces populaires benshi organisent des manifestations violentes contre les cinéastes ayant abandonné le muet – et contre les salles qui diffusent leurs films –, ce qui provoque un certain retard de la production japonaise dans ce domaine.


:: Tokyo et Kyoto ::
L'industrie cinématographique nippone se construit sur le modèle hollywoodien, avec la création de la Nikkatsu, en 1912, et de la Shochiku, en 1920. Les deux principaux centres de production sont alors Tokyo – spécialisé dans le genre Gendai-geki, films dont l'histoire se déroule après 1868, soit après le début de l'ère Meiji – et Kyoto, ancienne capitale et ville-musée – spécialisée dans le Jidai-geki, genre historique (films de samouraïs notamment) abandonné dans le cinéma contemporain, les films de Kurosawa (Kagemusha, 1980; Ran, 1985) constituant l'exception qui confirme la règle. Le cinéma japonais des années 1920 est influencé par le cinéma américain (burlesque et films d'action en particulier) et par le nouveau théâtre réaliste, le Shin-geki, inspiré de l'Occident (Strindberg). De cette double influence naît le genre Shomin-geki (comédies populaires ou drames des petites gens), auquel des auteurs comme Heinosuke Gosho (le Fardeau de la vie, 1935) ou Mikio Naruse (Nuages flottants, 1955) resteront toujours attachés, sans oublier Yasujiro Ozu, dont l'œuvre entière, jusqu'aux derniers films (Voyage à Tokyo , 1953; Fin d'automne, 1960), brode invariablement autour des mêmes thèmes familiaux (la solitude à l'approche de la mort; un mariage arrangé), avec une absolue simplicité dans l'expression de l'émotion.

 


:: Du divertissement au réalisme ::
La crise économique de 1929, peu après l'avènement de l'empereur Hirohito, produit un écho contradictoire sur les écrans, suscitant, d'une part, le déploiement des films de genre et d'évasion (histoires de samouraïs) et, de l'autre, celui des films réalistes – avec la contribution remarquable de Kenji Mizoguchi (Sœurs de Gion, 1936). La guerre déclenchée en 1937 contre la Chine fait du cinéma, comme en Allemagne, l'outil privilégié de la propagande nationaliste (films militaristes et d'espionnage); la loi japonaise sur la censure, instaurée en 1939, est directement calquée sur celle du IIIe Reich. Pour échapper à cette voie, certains cinéastes se réfugient dans les films historiques (les Quarante-Sept Ronin de Mizoguchi, 1941-1942, en deux parties), alors que le jeune Kurosawa, qui débute à l'époque de la guerre, réalise quelques films de commande (le Plus Beau, 1944).



:: L'âge d'or des années 1950 ::
Après la défaite, l'épuration envisagée dans les milieux cinématographiques est bientôt abandonnée, de crainte d'affaiblir l'industrie. L'Amérique dicte sa loi (censure, sujets interdits) et envahit le marché de sa production. Cette situation provoque en retour un réflexe identitaire qui sera bénéfique pour le cinéma national, lequel connaît dans l'immédiat après-guerre un véritable âge d'or économique – avec plus de 500 films par an, le Japon devient le plus gros producteur de films au monde, avant les États-Unis – et artistique. Le cinéma de genre populaire s'enrichit de films fantastiques (histoires de fantômes inspirées de la littérature et du théâtre nô, et films de monstres, tel le fameux Godzilla d'Inoshiro Honda, 1954), de films avec duels au sabre (chambara), de films de gangsters et de films érotiques. C'est à cette époque que le cinéma japonais, via Kurosawa et Mizoguchi, et grâce aux festivals de Cannes, de Venise et de Berlin, accède à la reconnaissance internationale. Mizoguchi réalise alors ses plus beaux films (la Vie d'O'Haru, femme galante , 1952; les Contes de la lune vague après la pluie, 1953; l'Intendant Sansho, 1954), peintures sans concession de l'enfer social, dans le monde féodal comme dans le monde contemporain, et dont la femme (interprétée par l'inoubliable Kinuyo Tanaka) est à la fois l'enjeu et la victime. Pour sa part, Kurosawa surprend par la diversité de son inspiration et de son style, passant de l'influence néoréaliste (Vivre, 1952) au film d'action (les Sept Samouraïs, 1954), et adaptant les grands écrivains occidentaux (Shakespeare, Dostoïevski).


:: La relève des indépendants ::
En 1960, on dénombre plus d'un milliard d'entrées, pour une production de 547 films; mais la fréquentation des salles a déjà chuté de moitié en 1963, avant de se stabiliser, en 1972, autour de 180 millions d'entrées. Contrairement à Hollywood, l'industrie japonaise du cinéma ne saura pas empêcher le détournement massif du public des salles vers le petit écran. Néanmoins, la crise des studios favorisera l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes: alors qu'en 1960 deux films seulement – sur 547 – sont des productions indépendantes, en 1965 il y en a 219.

L'emblème de cette génération en rupture avec le système, contemporaine de la Nouvelle Vague française, est certainement Nagisa Oshima: très politisé (Nuit et Brouillard au Japon, 1960; le Petit Garçon, 1969), proche de l'extrême gauche, il n'hésite pas à traiter du sexe, véritable tabou, dans les Plaisirs de la chair (1965) et dans l'Empire des sens (1976), coproduction franco-japonaise qui vaudra au cinéaste de multiples procès dans son pays, et la reconnaissance internationale. La «nouvelle vague» japonaise est illustrée également par Kiju Yoshida (Éros + massacre, 1969) et par Shohei Imamura, l'auteur de la superbe Ballade de Narayama (1983), primée à Cannes, et de Pluie noire (1989, sur le désastre d'Hiroshima).

Mais les productions indépendantes avaient commencé à décliner au Japon dès le début des années 1970. Aujourd'hui, Oshima et Kurosawa doivent faire appel à des coproductions, voire à des productions étrangères, et, malgré quelques éclairs récents (Mitsuo Yanagimachi), le cinéma apparaît en plein désarroi dans un pays où le développement de la télévision, contrairement à la Grande-Bretagne ou à la France, n'a pas contribué au renouvellement de la création.

 

 

II. Les Genres du Cinéma Japonais

Chambara
" Bataille de Sabre " : désigne les films d'épées Japonais comportant de nombreuses scènes de combats.

Pink-Eiga
" Film Rose ", désigne les films érotiques des années soixante. Seishun-Eiga : Films sur les excès de la jeunesse, violence et sexe.

Roman-Porno
Mélange de romance et de pornographie, la spécialité de la Nikkatsu dans les années soixante-dix.

Meiji-Mono
Film se déroulant pendant l'ère Meiji (1868-1912).

Ninkyo-Mono / Yakusa
Désigne les films qui mettent en scène des membres de cette puissante organisation criminelle d'origine japonaise. Les films de Yakusa sont toujours très présents dans le cinéma japonais. Différent des films de Triade en de nombreux points.

Kaiju-Eiga
Films de monstres japonais, dont Godzilla est la figue la plus mythique.

Jidai-geki
" Théâtre historique " : en opposition au gendai-geki ou théâtre contemporain. Le terme appliqué au cinéma japonais désigne les films traitant de sujets historiques se déroulant avant l'ère Meiji.

Gendai-geki
" Théâtre contemporain " par opposition au " Jidai-Geki " le théâtre historique. Le terme appliqué au cinéma japonais désigne les films traitant de sujets contemporains.